samedi 11 février 2017

CINEMA DE MINUIT - SES MAINS ONT LA PAROLE...

Bonjour les amis !

Demain , à 00 H 25, sur F3 : Les Mains d'Orlac (1960), de Edmond T.Greville... 


 Ah, en a-t-il suscité , des adaptations, ce roman de Maurice Renard , sorti de 1920. Il faut dire que ce récit mi-policier , mi-fantastique a de quoi faire saliver les amateurs de frisson et de bizarre.
Imaginez donc : un pianiste de renom se retrouve amputé de ses deux mains suite à un accident . Un savant pas très équilibré lui greffe alors les deux mains... d'un assassin ! Evidemment, par la suite, notre virtuose se retrouve avec des mains qui ne lui obéissent plus vraiment...
A l'origine, l'ouvrage relève plus du polar que de l'horreur. Mais tous les cinéastes qui vont s'y coller vont accentuer le côté horrifique de l'ouvrage.
Ce qui n'est pas étonnant de la part de Robert Wiene, chef de file de l'expressionisme allemand , dans sa version de 1924...


... Ne de celle de Karl Freund, ancien opérateur du Métropolis de Lang, dans la version hollywoodienne de 1935, où le savant fou est joué par Peter Lorre....


Cette histoire assez glauque ne pouvait que séduire celui que ses fans avaient surnommé le prince des cinéastes marginaux : Edmond T.Gréville. Celui-ci, éperdu de cinéma muet, n'aimait rien tant que les scénarios tordus, surtout quand ils comportaient une dimension sexuelle . Le père Edmond était en effet un obsédé notoire ( il disait que le T de son nom signifiait Tendre avec les dames ). 
L'après-guerre le voit circuler entre la France et l'Angleterre, pour des projets oscillant entre la série B inventive ( The Noose, Le Port du Désir) , et le pur nanar  (l'Envers du Paradis, Tant qu'il y aura des femmes ) ! Considéré comme bizarre et ingérable, Gréville hérite en effet souvent de projets désespérants, qu"il accepte pour ne pas perdre la main.
Les Mains d'Orlac est son dernier projet ambitieux , coproduit par la France et l'Angleterre.
Gréville reprend le projet en le pimentant à sa sauce : il réduit le personnage du médecin tordu, et met Orlac et son épouse , partis en vacances sur la Côte d'Azur, dans les griffes d'un couple maléfique , et inattendu, car formé par Christopher Lee et Dany Carrel !


Il peut paraître étrange de retrouver en 1960, dans un rôle secondaire, celui qui avait explosé , en même temps que la Hammer, deux ans auparavant, dans Le Cauchemar de Dracula, et Frankenstein s'est échappé !
Mais il faut dire que ce succès avait surpris toute l'équipe du studio, qui ne pensait pas forcément que cette vogue allait durer... L'Histoire allait prouver le contraire, mais en attendant, Lee, qui avait déjà tourné dans l'Aguicheuse, le film précédent de Gréville, accepta sans difficultés ce rôle, qui est peut-être le plus intéressant du film : celui de Néron le magicien, personnage malsain acoquiné avec une chanteuse, Dany Carrel, donc.


 Sa présence est peut-être l'élément le plus grévillien du film. Grimée en asiatique, subliment faite, et souvent peu habillée, son personnage de Lin-Lang , incarnation de la tentation et du désir, mange l'écran. Dany Carrel , déjà employée dans des seconds rôles pétillants et accortes par Duvivier et René Clair, vivra le meilleur de sa carrière dans les années 60, conjuguant fantaisie et érotisme avec un bonheur rarement égalé par d'autres...

A côté de ce couple explosif, le couple de victimes paraît bien fade. Passons sur la jolie Lucille Saint-Simon, qui ne fera pas une grande carrière, et attardons-nous un peu sur Mel Ferrer, alias Orlac.


Mari (cocu) d'Audrey Hepburn, C'est à peu près le plus beau titre de gloire de Mel Ferrer . Il a certes participé à certains des films les plus flamboyants d'Hollywood, mais il s'y fait régulièrement voler la vedette : par Robert Taylor dans Les Chevaliers de la Table Ronde, par Marlène Dietrich dans l'Ange des Maudits, et par Audrey dans Guerre et Paix !
Rien d'étonnant à ce qu'à la veille des années 60, son étoile pâlisse et qu'il vienne tourner en Europe ... Mais là aussi, il peine à faire le job. Pour incarner cet homme qui sent, peu à peu, la folie s'emparer de lui, il aurait fallu un acteur d'une autre trempe... Peter Cushing ?? Eh oui, c'est normal d'y penser...

Quoi qu'il en soit, le film est le dernier grand travail de Gréville : mise en scène atypique, audace fréquente, ambiance frelatée. Une jolie réussite à petits moyens...

A plus !

Fred .


 

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