dimanche 5 février 2017

CINEMA DE MINUIT - SEVEREMENT BURNING...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 25, sur France 3 : La Chambre Ardente (1962), de Julien Duvivier...


Retour à Duvivier , ce soir, et à un Duvivier tardif : la Nouvelle Vague est passée par là, et ce pilier du cinéma classique, et , même , pour certains, de la Qualité Française . est un peu déboussolé.
Il commet l'erreur, en 1960, de vouloir concurrencer le François Truffaut des 400 coups en faisant jouer une nouvelle histoire d'enfant désoeuvré à son acteur fétiche, le jeune Jean-Pierre Léaud. Mais le résultat laisse Truffaut vainqueur par KO.
Le réalisateur décide alors de se tourner vers le cinéma de genre, d'atmosphère. Hitchcock vient de scotcher tout le monde avec Psychose, alors pourquoi ne pas tenter de faire frissonner le public ?
Avec son vieux complice Charles Spaak, il décide donc d'adapter le plus célèbre  roman de John Dickson Carr, maître du roman policier à énigme, en déplaçant l'action dans la France contemporaine.
Si l'ensemble de l'oeuvre se veut rationnelle, la thématique de la sorcellerie, très présente, ainsi que l'action, presque entièrement située dans un inquiétant château , installe efficacement une atmosphère surnaturelle.
Duvivier manie ici le huis-clos aussi bien que dans Marie-Octobre, tourné quelques années auparavant...



Et, comme pour Marie-Octobre, il bétonne complètement la distribution. Pour les rôles secondaires, il retrouve ces fidèles gueules de la vieille garde : Balpétré, Duvallès, Héléna Manson, René Génin.
Mais cette fois, il s'essaie à diriger, et avec bonheur, la jeune génération :

Jean-Claude Brialy et Claude Rich incarnent à la perfection les deux neveux en attente de l'héritage du vieux châtelain, qui, comme par hasard, est retrouvé mort ... Brialy est le bon neveu, gentil et respectueux, Rich, le neveu indigne, dépensier et cynique... Mais les apparences sont trompeuses...


Edith Scob, l'inoubliable interprète des  Yeux sans Visage de Franju, est ici une jeune femme psychologiquement fragile, aux rêves étranges venue au château avec son mari ( joué par l'insipide acteur allemand Walter Giller, seule fausse note de la distribution).

La belle Nadja Tiller est la mystérieuse infirmière de la maison. L'étrangeté de son jeu sert l'étrangeté de l'intrigue...


Plus inattendue, Perrette Pradier, qui joue la femme de Brialy, et qui trouve ici un de ses rares grands rôles au cinéma. Elle se tournera très vite vers la télévision, et surtout, surtout, vers le doublage, dont elle deviendra une des papesses ( VF de Kate Jackson, Jane Fonda, Julie Andrews...). Le film permet de rappeler qu'elle fut, avant ça, une fort bonne comédienne et une très très belle femme (ces yeux !)...

Mais la grande surprise du film réside dans l'interprète du rôle du policier, qui va bousculer tout ce petit monde : monsieur Claude Piéplu...


Présent au théâtre depuis les années 40, Piéplu ne faisait alors que de rares apparitions au cinéma, dans des petits rôles. C'est avec un flair certain que Duvivier lui fait jouer le rôle du flic finaud et implacable , qui va affoler la meute. Hélas, l'insuccès relatif du film ne permettra pas à Piéplu de confirmer avant longtemps. Avant, précisément, 1968... et les Shadoks.


En effet, si l'atmosphère est là, et bien là, l'intrigue complexe , quoique fidèle au roman, la mulitiplicité des personnages et des fausses pistes, rendent difficile le travail du spectateur, sollicitent peut-être un peu trop son attention, ce qui fait que le rebondissement final vient peut-être... un peu trop tard.

Quoi qu'il en soit, La Chambre Ardente reste un très bel exercice de style, et une très belle réunion d'acteurs...

A plus !

Fred.

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