samedi 3 mars 2018

CINEMA DE MINUIT - TES BEAUX YEUX, ILS ME FENDENT LE COEUR...

Bonjour les amis !

Dimanche, à 00 H 35 sur France 3 : Gribouille (1937), de Marc Allégret...


Je l'ai déjà écrit ici plusieurs fois, Marc Allégret est un cinéaste surestimé. Rares sont ses oeuvres connues qui ne doivent pas leur gloire à leur scénariste (Jeanson pour Entrée des Artistes, Pagnol pour Fanny, Guitry pour Le Blanc et le Noir).
Mais malgré tout, le cinéma lui doit beaucoup . Car il fut par contre le plus grand découvreur d'acteurs et actrices des années 30 à 50 . Qu'on en juge : Fernandel, Simone Simon, Bernard Blier (qui fait sa première et fugace apparition dans Gribouille !), Michel Vitold, Louis Jourdan, Brigitte Bardot, Alain Delon, Jean-Paul Belmondo, entre autres, ont tous fait leurs premières armes dans un film d'Allégret.
Mais sa plus belle révélation fut sans doute celle de ce film : la belle Michèle Morgan.
Celle qui s'appelle encore Simone Roussel  est présentée au réalisateur , qui tombe sous le charme, ainsi que le producteur du film. Elle est engagée aussitôt passés les premiers essais.
C'est là un sacré défi, car la demoiselle n'a que seize ans et derrière elle que de fugaces figurations , qui plus est dans de fieffés nanars.
De plus, le film est une grosse production commerciale , dialoguée par le célèbre boulevardier Marcel Achard , et réunissant le ban et l'arrière-ban des acteurs de l'époque : Pauline Carton , Carette, Jacques Baumer... entourant le colosse Raimu, vedette du film réputée peu commode. Ce n'était pas gagné pour la débutante qui choisit alors le pseudonyme de MOR (en hommage à Gaby Morlay, qu'elle admire) -GAN (par pur américanisme).
Mais la singularité de son jeu (elle a une voix plus grave que les vedettes de l'époque, et elle sussure ses répliques au lieu de les déclamer) ... et des ses yeux emportent, et largement , le morceau.
Quand à Raimu, à la surprise générale, il se montre doux comme un agneau avec sa partenaire, la prenant carrément sous son aile. Ce qui sert aisément le propos du film.
Drame réussi d'un épicier (Raimu) se retrouvant juré dans le procès d'une jeune fille (Morgan) accusée d'avoir tué son amant, et qui, peu à peu, s'attache à la personnalité de l'accusée.
Contrairement à la légende, c'est bel et bien Raimu qui se taille ici la part du lion, en livrant une de ses plus belles interprétations, mais Morgan donne une épaisseur inattendue à un rôle qui, dans d'autres mains, aurait
 pu être de pure convention.
Un regard apeuré , un visage émacié : tout autour d'elle flottait je ne sais quel air de fatalité et de détresse...  notera Marcel Achard. 



Allégret la tient et ne la lâche plus, l'associant à Charles Boyer en 1938 pour Orage. 



Enfin, il la laisse aux bon soins de Prévert et Carné, qui , pour leur Quai des Brumes, vont lui présenter un certain Jean Gabin.
La légende est en marche...

A plus !

Fred.

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